Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Timbuktu

de Abderrahmane Sissako - France/Mauritanie - 2014

Critique publiée par 2 ELEEC - le 25/05/2016
Première professionnelle TBEE/TGT, LPO Gabriel,
Argentan

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Timbuktu, une arme contre le djihadisme

"Timbuktu" est un film d’Abderrahmane Sissako qui évoque l’occupation de la ville par les djihadistes, tenants d’une conception dévoyée de l’Islam, avant sa libération par l’armée française.

Globalement , ce film est une réussite car il dénonce avec beaucoup de finesse et de sensibilité les contradictions et les incohérences de l’intégrisme religieux ainsi que sa violence aveugle.

Certes, "Timbuktu" peut être qualifié de film à ellipses comme en témoignent les bâillements de quelques uns de mes camarades pendant la séance. Le rythme est parfois trop lent et certaines scènes semblent superflues. On pense particulièrement à celle de la danse d’un homme en transe trop longue et assez étrange. De plus, la fin du film nous laisse sur notre faim car le destin de Toya et du conducteur de la moto demeurent en suspens.

Néanmoins, culturellement parlant, "Timbuktu" ne manque pas d’intérêt.

En effet, ce film met en avant toutes les contradictions des djihadistes : ils sont passionnés de football mais interdisent d’y jouer, ils prétendent défendre l’Islam mais n’en respectent pas les principes en entrant dans une mosquée en armes et chaussures. De même, ils sont incapables de justifier leur engagement et de transmettre leur envie comme l’illustre la scène de la vidéo de propagande, un raté monumental.

"Timbuktu" est une ode à la résistance face à l’intolérance.

Les femmes, sur qui pèsent les interdits, sont à l’avant-garde.
La poissonnière se défend avec énergie et montre l’absurdité de porter des gants quand on exerce son métier. Le personnage de Zabou, qui insulte les djihadistes puis fait rempart de son corps devant l’avancée de leur pick up est également révélateur. Dans le même ordre d’idées, Satima résiste vaillamment aux avances pressantes d’Abdelkrim et refuse de se couvrir la tête en sa présence. Que dire enfin du courage de cette femme punie pour avoir fait de la musique et qui continue à chanter sous les coups de fouet !

La jeunesse se rebelle également contre l’oppression. L’une des scènes les plus fortes du film est la partie de football sans ballon qui brave ouvertement les interdits.

En résumé, nous vous conseillons vivement de vous rendre dans les salles obscures pour découvrir ce film sept fois césarisé.