Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie
L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.
de Joel et Ethan Coen - Etats-Unis - 2008
Critique publiée par Zoé - le 14/01/2015Classe 505 , Lycée Le Verrier,
Saint-Lô
Note de la classe (0 vote)
Après le retour imminent des frères Coen dans le cinéma avec no country for old men (2007)ceux-ci ne tardent pas à prolonger leur succès avec la réalisation de burn after reading dès 2008.
Cette parodie de film d’espionnage s’éloigne clairement des clichés Hollywoodiens sans but et sans ambitions précises en intégrant une satire du film d’espionnage Américain.
Cette particularité est bel est bien l’atout de burn after reading et la raison pour laquelle il est réussi.
En effet avec un incroyable casting cent-pour-cent Hollywoodien : Brad Pitt, George Clooney, John Malkovich et Tilda Swinton totalement ridiculisés et caricaturés, le film s’éloigne (volontairement) du cliché Américain conformiste.
Licencié par la direction de la CIA, Osbourne Cox décide d’écrire ses mémoires. Malencontreusement, le CD contenant ses ébauches atterrit au club de finesse où travaillent Linda et Chad.
Les deux employés, persuadés d’être tombés sur un dossier top-secret, décident d’appeler le propriétaire(Osbourne Cox) en espérant obtenir une récompense, ce qui les mènera vers de nombreuses mésaventures.
De son côté Harry Pfarrer, ex flic et séducteur adepte des sites de rencontres décide de divorcer et fait la rencontre de Lynda.
Ce film se joue entre intrigues d’espionnages et quiproquos rebondissant.
Les actions s’enchaînent de manière surprenante et parfois même déroutante ce qui peut d’ailleurs s’avérer une faiblesse.
En effet, le spectateur peut se retrouver perdu par ce changement constant de comportements et ce mélange de sérieux et de comique.
Cependant, c’est ce qui fait la subtilité de l’œuvre pour un spectateur actif et aussi la touche personnelle caractéristique des frères Coen.
Du reste, la balance penche sans arrêt entre le côté sérieux du film d’espionnage et la satire comique mêlée aux mensonges, là est le pilier de Burn After Reading.
La musique très prenante, spécifique des films d’action, l’ambassade russe évoquant la guerre froide ainsi que le thème et le titre maintienne le sérieux mais les personnages dérivent constamment vers le comique et sont sans cesse ridiculisés par leurs caractères caricaturés.
On remarquera dans le bureau de la CIA où chaques tableaux en arrière plan représentant les interventions scandaleuses non dévoilées des États-Unis de l’époque ( l’intervention en Irak) annonce déjà l’humour noir et dénonciatrice des frères Coen.
Pour ce qui est du mensonge perpétué dans le film (puisque tous les personnages se mentent à tour de rôle), il est annoncé avec le focus du début sur le bâtiment de la CIA qui nous laisse dans le doute d’un trucage ou d’une maquette éventuelle.
De même lorsque Lynda se voit cernée dans sa voiture de tous les côtés par des agents secrets, on ne sait pas si cela est réel ou si encore une fois cela tourne autour du mensonge ou pire de la paranoïa.
Il est vrai que l’impression des personnages qui se sentent sans cesse espionnés relève de la paranoïa, mais la encore le dialogue de la fin entre les deux agents de la CIA remet en question cette hypothèse.
Burn after reading repose cependant sur une question qui revient fréquemment dans les paroles des personnages « what is the fuck ? ». La réponse à la question est finalement dévoilée de façons quelques fois grotesque voir provocante puisque que l’on dénonce l’amour voir la sexualité des Américains qui apparaît comme machinal et dépourvue de sentiments.
La « Dildo machine » inventée par Harry par peur de ne pas assurer le désir sexuel de ses femmes est interprétée comme une machine qui viendrait combler un manque.
De même, l’Obélisque du parc de Washington qui suit les personnages (en arrière plan) en quête d’amour si souvent représenté dans les films d’amours Américains représente la « sexe machine » des États-Unis.
Avec Burn After reading, les frères Coen ont voulu créer la surprise, l’étonnement mais aussi signer leur retour . Grâce à leur incroyable virtuosité, ils ont montré que l’on pouvait réaliser un film comique dans un cadre plus ou moins sérieux tout en dégageant des significations et des éléments bien plus complexes qu’il n’en a l’air.