Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Yeux sans visage

de Georges Franju - France - 1960

Critique publiée par aur.des - le 30/01/2015
Terminale ES 1, La Morandière ,
Granville

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Un film d’épouvante fascinant.

Les Yeux sans visage est un long métrage en noir et blanc de 1h28, ce film fut réalisé en 1960 par Georges Franju. Le scénario fut réalisé par Pierre Boileau et Thomas Narcejac, inspiré du roman noir Les Yeux sans visage écrit par Jean Redon un an auparavant. Il s’agit d’un film d’épouvante français qui mélange autant le lyrisme, la poésie et l’innocence que l’horreur, le mystère et la noirceur.
Les Yeux sans visage présente l’histoire du Professeur Génessier, célèbre chirurgien spécialisé dans les transplantations. Celui-ci a perdu sa femme dans un accident de voiture dont il était le conducteur. À son grand désespoir, Christiane sa fille tant aimée, fut elle, marquée à vie par ce tragique accident, cela par un visage horriblement mutilé qui l’ obligé de porter un énigmatique masque blanc. L’intrigue de cette histoire se déroule principalement dans une grande demeure, aussi terrifiante que mystérieuse, près de la clinique du Professeur. C’est avec l’aide d’une assistante dévouée , Louise, que ces derniers attirent vers cette demeure, des jeunes filles au visage similaire de Christiane, dans le but d’effectuer d’étonnantes opérations...

Georges Frangu très intéressé par ce domaine scientifique, nous plonge dans un film d’épouvante aussi réaliste que fantastique, qui fait que 45ans après le suspense et la peur sont toujours présents.
Effectivement nous pouvons parler d’un film d’horreur réaliste, car celui-ci ne présente pas de monstres sanguinolents ou d’ autres éléments irréels. Il a créé de nombreux détails intrigants, comme ce mystérieux masque que porte Christiane, car celui-ci retrace parfaitement les traits de son visage, il apparaît donc comme une seconde peau qui pourtant reste quasiment fixe même quand elle parle. C’est face à ce masque que l’intrigue du spectateur est sollicitée, en effet que cache-t-elle sous ce masque ? Son vrai visage révèle t-il une personnalité charmante ou menaçante ?
Or ici nous sommes face à un visage immobile, où seuls les yeux de Christiane nous sont présentés, ainsi ce regard triste et pesant nous prouve que ce masque est une prison dont elle ne peut s’échapper.

De plus, Les Yeux sans visage met en avant des personnages aux comportements mystérieux voire même affolants.
Tout d’abord le père, le Docteur Génessier apparaît au début comme un grand médecin très courtisé par les femmes grâce à ses talents, puis on perçoit une identité plus obscure au fur et à mesure du film. Il aime profondément sa fille et sa se voit, il veut l’aider pour son bien, mais cela le pousse vers une folie dont il ne pourra plus se passer. On relève forcément à ce propos, l’image terrifiante de son visage lors de ces opérations sur les jeunes filles, il a l’air de prendre du plaisir et ne conçoit pas la monstruosité de son geste, qui mène vers le monde fantastique, ou pas...
À noter aussi Louise son assistante, qui a l’air de prendre du plaisir lorsqu’elle doit choisir ses victimes et les mener jusqu’à la demeure du professeur. Pourtant on apprend qu’ elle aussi porte un visage qui n’est pas le sien, cela grâce au professeur, ce qui nous amène à penser qu’ils portent un masque social ou l’image d’un professeur remarquable et d’une femme bienveillante n’est alors qu’une illusion.

Enfin, nous sommes plongés dans un climat étrange où l’obscurité et la terreur du noir, s’ opposent à l’innocence et à la pureté du blanc. Tout comme l’innocente Christiane est opposée à son ténébreux père, ce qui les sépare : ce sont bien sur les espaces qu’ils dominent ; le haut de la maison qui est la chambre blanche de Christiane, et le bas de la maison, soit le garage et la cave sombre du Professeur. Ce qui fait peur dans cet univers obsessionnel et macabre, c’est la lenteur, le silence clinique, les gestes minutieux des personnages impénétrables qui créent l’angoisse.

Je recommande donc ce film, car malgré son âge, je trouve qu’il s’agit d’un film intrigant et fascinant. Le rôle des personnages est tout à fait adapté, on remarque quelques images assez terrifiantes pour des effets spéciaux de l’époque, l’atmosphère est pesante tout comme la lenteur de ce film qui pour moi reflète tout à fait le film d’épouvante.