Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Sentiers de la gloire

Stanley Kubrick - Etats-Unis - 1957

Critique publiée par Louis250 - le 19/12/2017
Premiere S2, La Morandière ,
Granville

Note de la classe (0 vote)


Nombre de visites : 88

Les Sentiers de la gloire : une dénonciation inédite

Ce film de Stanley Kubrick nous donne un aspect dénonciateur intéressant, très peu évoqué jusqu’à maintenant dans les films de guerre : les décisions incomprises de l’état major, dans notre propre pays… L’histoire s’ouvre sur un combat de tranchés, entre des troupes françaises et allemandes. Ces premières vont échouer lors de l’assaut de la position allemande, et leur supérieur, le général Mireau, va ordonner l’exécution de soldats pour l’exemple.

Tout d’abord, ce film de guerre est différent des autres de son genre en raison de sa cible : il se démarque en dénonçant un sujet presque tabou à l’époque : les mauvais choix des chefs d’armée. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fut interdit un certain temps en France : 18 ans au total.
Ensuite, ce sont les personnages dans ce film qui vont inviter à une réflexion de la condition des soldats pendant la Première Guerre, comme le général Mireau : ce dernier va lancer un assaut en temps normal impossible à réaliser, puis sera paradoxalement furieux de l’échec de ce dernier. Il va ordonner l’exécution de soldats pour l’exemple : comme s’il n’y avait pas suffisamment de morts provoquées par l’ennemi ! Un autre personnage est important : le colonel Dax. Ce dernier, témoin de l’impossibilité de l’assaut, va tout tenter pour défendre les soldats accusés au conseil : en vain... Une sorte d’empathie se dégage de ce dernier, au fur et à mesure du film.
De plus, la fin de ce film surprend : alors que l’on s’attend à ce que Dax ordonne aux troupes de reprendre le combat, il leur laisse un peu plus de temps, puis le générique de fin démarre. Ce choix de fin ouverte peut toutefois parfaitement se comprendre, afin de laisser l’imagination de la suite des événements au spectateur, entre autre. J’aurais cependant souhaité la survie des soldats accusés, qui font pitié (surtout celui qui prie jusqu’à l’exécution...). Le choix de filmer les tirs de l’exécution choque et étonne : on s’attend à une ellipse, et il n’en est rien.
Enfin, le travelling est une technique de cadrage très présente dans ce film : elle est utilisée pour la visite de général Mireau et celle du colonel Dax, et se veut insistante sur les objectifs de victoire et la détermination des troupes françaises. La musique militaire lors de la marche de ces chefs renforce leur autorité.

Pour conclure, ce film dépeint une nouvelle vision dévastatrice de la Première Guerre mondiale, que je recommande à tous ceux qui sont sensibles aux représentations de la guerre en art. Certains passages peuvent émouvoir et choquer, mais ce n’est que dans l’optique de renforcer le message transmis tout au long du visionnage.