Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie
L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.
de Lorenzo Recio - France - 2007
Critique publiée par MorganeG. - le 29/01/2015Première L, La Morandière ,
Granville
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Lisa est un court-métrage en noir et blanc du réalisateur français Lorenzo Recio, d’une durée de 19 minutes et réalisé en 9 jours de tournage en 2007, et sorti en 2008. Dans une maison à la campagne, une petite fille nommée Lisa et sa famille vivent sous la domination d’un père despotique et violent. La fillette s’évade de ce monde en dissimulant dans des cachettes les images et les objets de son imaginaire. Ce film mèle l’imaginaire et la réalité avec une grande imagination.
Le film est en noir et blanc , ce qui est son point fort. En effet, le spectateur au lieu de se concentrer sur les couleurs de l’écran, se concentre sur la bande son, qui est magnifiquement réalisée. La scène où Lisa se fait brosser les cheveux par sa mère est un bon exemple de la bande son réussie. De plus, les dialogues sont rares, et des sons , qui habituellement sont passés sous silence ressortent, pour un effet des plus réussis. Ce film est un film à tiroirs. Tout au long de Lisa, on voit l’omniprésence des cachettes qui jouent un rôle essentielle pour la petite fille : le tiroir, la valise, le sac, les poches, le grenier ou encore le terrier. Mais la cachette qui restera la plus originale et qui a marqué mon esprit est la boîte crânienne de son père où elle enfouira toutes ses images et ses objets.
Nombreuses sont les références filmographies faites dans ce film. C’est d’ailleurs cet aspect recherché que j’ai le plus apprécié. Les références à mon conte et à mon personnage fictif préférés furent étonnantes et bien menées : Peter Pan (1902) et le Capitaine Crochet. La montre du père rappelle le réveil-matin du Capitaine Crochet.
Une référence à Jules Verne transparaît également:le héros de l’histoire de Lisa s’appelle le Capitaine Grant, et enfin, ce film fait référence à La Nuit du Chasseur, de Charles Langhton (1955). Les décors, les objets, les costumes et le choix du noir et blanc renvoient effectivement à un imaginaire anglo-saxon et à des époques qui correspondent aux références dont le cinéaste est imprégné plutôt qu’à la réalité du tournage (la France de 2007).
La petite fille, Lisa, interprétée par la jeune et pétillante Nina Rodriguez, ressemble à une Alice des temps modernes. En effet, de nombreuses références au « Alice aux Pays des Merveilles » écrit par Carroll puis filmé par Disney sont faites, ce qui donne à cette petite fille une dimension fantastique. Ses vêtements et son allure sont en tout point semblables à ceux d’Alice : elle est blonde, porte une robe, des chaussures noires avec des chaussettes blanches, comme Alice. De plus, le terrier, le lapin et le besoin de s’évader de la réalité viennent renforcer se sentiment d’être au fameux Pays des Merveilles. La prestation de Nina Rodriguez est juste et bien menée, et je pense sincèrement que c’est une actrice en herbe, qui, si elle s’en donne les moyens peut percer, car elle possède déjà le talent et une grâce naturelle.
Tous les acteurs de ce court-métrage étaient convaincants, mais la prestation de la petite Nina m’a particulièrement interpellée. Le père, joué par Benjamin Feitelson ressort par sa froideur et son autorité. Il soumet toute sa famille qui le craint. Cette impression de froideur et de violence est également ressorti dans Les Yeux Sans Visage, où le père est joué par le grand comédien français Pierre Brasseur. La malheureuse mère, jouée par Mikaela Fisher est impressionnante et d’une certaine façon poignante car elle ne laisse rien ressortir, et elle essaye de faire en sorte que ses enfants soient le plus protégés de la terreur paternelle, qui est l’élément sombre de l’histoire.
J’ai beaucoup aimé ce court-métrage, il m’a vraiment captivée et la prestation des acteurs m’a coupé le souffle. Tout dans ce film est réussi, tant au niveau des références qu’à la bande son. Lisa est un film que j’aurais plaisir à revoir, et mon seul regret est de ne pas avoir été présente le jour de la venue de Lorenzo Recio, que j’aurais grandement félicité pour son travail remarquable.