Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Mustang

Deniz Gamze Ergüven - Turquie/France – 2015

Critique publiée par Svengsl - le 08/03/2018
Première STMG2, LPO Emile Littré,
Avranches

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Mustang, une course pour la liberté

Le film Mustang est un film inspiré de faits réels, ce qui a l’avantage de nous donner la possibilité de nous identifier aux femmes victimes du patriarcat.

Ce film dramatique sorti en 2015 s’inspire d’un quotidien vécu par de nombreuses adolescentes vivant en Turquie.
Mustang retrace le parcours ardu de cinq sœurs vivant dans un village au nord de la Turquie, à environ 1 000 km d’Istanbul. Le dernier jour d’école, les cinq jeunes filles proposent à leurs amis d’école de rentrer par le bord de mer, le temps s’y prête et les jeunes adolescents finissent dans l’eau à jouer à des jeux d’enfants. Le but étant de faire tomber son adversaire dans l’eau tout en étant portées sur les épaules des garçons. Malheureusement ce comportement est observé par les habitants du village et il est perçu comme obscène. L’information remonte jusqu’à la grand-mère, qui élève seule les jeunes filles orphelines, fait un scandale, la grand mère prévient immédiatement l’oncle des adolescentes. L’oncle Erol , très strict sur les principes religieux ainsi que moraux va châtier les jeunes filles de plus en plus sévèrement. Elles sont tout d’abord privées de téléphones, d’ordinateur, de sorties etc… la maison se transforme alors petit à petit en prison. Les cinq sœurs vont essayer tant bien que mal de refuser ces principes intransigeants afin d’accéder à une liberté qu’elles convoitent vigoureusement.

Ce film est réalisé de façon à plonger le spectateur dans un contexte réel plutôt que de fiction. Le fait que l’on puisse comprendre ou du moins savoir ce que peuvent vivre les femmes supportant ces règles et éthiques différentes des nôtres est une richesse.

Ces cinq sœurs sont également des adolescentes comme nous, ce qui nous permet davantage de nous identifier à elles, elles ont les mêmes désirs que nous, seulement elles ne peuvent pas y accéder du fait des coutumes qui leur sont imposées. Ayant soif de liberté elles dépassent les limites ordonnées ce qui donne au film ce côté récalcitrant et c’est notamment grâce à cette particularité que vient le nom du film “Mustang” qui est un cheval à demi sauvage.

Il est aussi très bien pensé de faire en sorte que le début du film se rejoigne avec la fin par la présence de la professeure qui déménage à Istanbul. Le début du film nous met également instinctivement dans le bain du sujet notamment au travers de la phrase « Et après, c’était la merde ».. La fin du film est une ouverture, ce qui nous permet de tenter d’imaginer ce que vont devenir les deux sœurs restantes suite à leur fuite, afin de retrouver leur professeure, ainsi que les deux autres sœurs dont l’une a vécu un mariage forcé.

La mise en scène ainsi que certaines musiques nous font vivre des moments d’immersion durant les étapes qu’elles peuvent subir, c’est ce que l’on ressent lors du plan tourné dans la camionnette de Yanis lorsqu’elles fuguent pour se rendre au match. La musique de Warren Ellis, intitulée Les Proies donne vraiment au film le côté d’une traque.

Pour conclure ce film est une représentation du quotidien vécu par certaines femmes vivant dans ces conditions difficiles, seulement il est à la fois artificiel. En effet nous avons ici la représentation d’un parcours de cinq jeunes filles qui se rebellent contre ce mode de vie qui dénigre les valeurs de la femmes alors que malheureusement trop peu de femmes osent se rebeller compte tenu de la crainte des coups de leurs conjoints, amis, voir familles.

C’est un film qui mérite d’être vu mais j’irai surtout dire qu’il doit être visionné dans les pays victimes de patriarcat afin qu’il y ait une prise de conscience si cela est encore possible.