Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Le Havre

Aki Kaurismäki - France - 2011

Critique publiée par Noctali - le 22/05/2016
Troisième BURTON / Jean Follain, Concours Saint-Lô,
Verrier/Curie/Follain

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Le film entre perdu dans le temps et les comtes

2011 , Le Havre est sur le grand écran ; réalisé par Aki Kaurismäki dans la ville portuaire du Havre . Il remporte la même année le Prix du Jury œcuménique à Cannes , le Prix Louis Delluc et l’année suivante , il est nominé trois fois aux César . Mais malgré toutes ces récompenses , il reste néanmoins des points perturbants ; que ce soit dans le script, dans la mise en scène .

Commençons par l’histoire : Marcel Marx , cireur de chaussures , traîne dans les rues du Havre le jour et dans le bar , la boulangerie et sa maison, le soir. Mais quelque chose vient perturber son quotidien , un immigré africain, Idrissa , et au même moment, sa femme Arletty est transportée à l’hôpital à cause d’une grave maladie. Marcel et ses acolytes arriveront à leur "happy endding " peu réaliste et semblable à ceux des contes. Tous les personnages sont pleins de bons sentiments ; le peu de méchants dans l’histoire finissent dans "les abysses" du script pour ne plus réapparaitre ou s’allient avec les "gentils" .
Outre le script simple et/ou naïf , la mise en scène elle-même est perturbante. Le jeu des acteurs est très théâtral et nous éloigne du peu de réalisme restant. Ainsi , les actions et les pensées sont dites à voix haute ce qui est déroutant et affreusement perturbant : "Rentrons à la maison ! - Oui bonne idée ! Rentrons ! " Les actions , les personnages et l’histoire deviennent donc encore moins réalistes et le temps où se déroule le récit pourrait perturber encore plus nos esprits. Entre les décors et personnages des années 70-80 et les objets/détails de notre temps, le film et l’histoire sont perdus dans le temps. La qualité de l’image elle- même est dégradée , elle est pâlie et détériorée pour nous perdre et nous empêche de déterminer clairement l’année. Seul un calendrier en arrière plan peut nous donner une date : 2010 . Mais , ces anachronismes permettent de pouvoir transposer cette situation à toutes les époques .

Malgré tout, ce film aux relents de conte transpose des valeurs à ses personnages : la liberté est symbolisée par Idrissa , l’enfant migrant à la quête de sa liberté ; la famille avec la femme de Marcel , Arletty, et Marcel lui- même qui recueillent l’enfant comme leur fils ; la solidarité est interprétée par tous les adjuvants se serrant les coudes pour aider Idrissa et la justice est représentée par le commissaire Monet faisant régner la justice à sa façon, ne suivant que son cœur et pas les lois .

Même si ce film est lent et semble naïf, il nous transmet des valeurs et nous fait réfléchir sur notre situation actuelle et sur les événements se répétant au cours des siècles .