Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Le Havre

Aki Kaurismäki - France - 2011

Critique publiée par chvoaides - le 22/05/2016
Seconde 502 / Le Verrier, Concours Saint-Lô,
Verrier/Curie/Follain

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Le Havre, un havre de paix ?

Aki Kaurismäki est un réalisateur finlandais s’étant formé presque seul au monde du cinéma, dont les œuvres ont réussi à séduire un large public. De ce fait, il s’inspire de son expérience et met ainsi en avant les personnes exclues de la société, dites « marginales ». Notamment dans Le Havre, une comédie dramatique humaniste où le réalisateur leur rend ainsi un bel hommage.
Ce film nous plonge au sein de la vie d’un cireur de chaussures, Marcel Marx interprété par André Wilms, acteur ayant déjà joué pour Aki Kaurismaki dans La vie de Bohême en 1992 et dont le quotidien nous semble, à première vue, paisible, jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre d’Idrissa, un jeune réfugié noir, incarné par Blondi Miguel. Nous pouvons par ailleurs constater deux époques qui s’entremêlent, en totale contradiction.

Les années 50 et 70 se distinguent par la renaissance du groupe « Little Bob Story » et également avec un décor aux couleurs chatoyantes ; le quartier de Marcel et sa maison, le bar « La Moderne » un jeu de mots contradictoire, la boulangerie ainsi que l’épicerie. Le tout s’inscrivant à l’intérieur d’un « monde figé » où les personnes marginalisées possèdent des objets obsolètes ; voitures, mobilier, vêtements… Néanmoins, malgré cette modestie, des éléments permettent toujours de cacher la « grisaille » ; un vase, une fleur… Contrairement aux instances plus modernes où le téléphone, la police et leurs armes ainsi que le lieu de détention des migrants sont représentés de manière très froide. Par ailleurs, la gare et le port sont deux lieux de passage entre les deux époques où le temps nous semble arrêté. Marcel, lui, parle parfois en vers ce qui accentue son jeu neutre. C’est un homme indépendant vis-à-vis de sa femme, Arletty, une migrante finlandaise interprétée par Kati Outinen. Ce dernier ayant alors pris Idrissa sous son aile paie sa dette envers celle-ci, et ce, rattrapé par le commissaire Monet, un homme à la marge, près du peuple et trop humain pour réussir dans son métier.
Le Havre met alors en avant les personnes exclues ainsi que leurs qualités solidaires, sociales, chaleureuses et sympathiques. Leur bonne humeur et l’entraide amicale qu’ils transmettent sont toujours présentes. Aki Kaurismäki nous expose également son point de vue sur la société d’aujourd’hui, la dénonçant comme menaçante envers les personnes les plus vulnérables. Par ailleurs, se distinguent des éléments féeriques et imaginaires, appartenant au registre du conte, accentués d’un jeu d’acteur artificiel, neutre, et presque faux. Le réalisateur nous fait donc passer un message de paix « Plutôt qu’ignorer les autres, mieux vaut les aider. » C’est ici une demande de réflexion à propos de la société dans laquelle nous vivons, la question qui en ressortirait, serait alors, les personnes à la marge ont-elles des raisons d’y rester ?

Christina Voaides
Adeline Pitrey