Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Le Havre

Aki Kaurismäki - France - 2011

Critique publiée par mimi - le 23/05/2016
Seconde 502 / Le Verrier, Concours Saint-Lô,
Verrier/Curie/Follain

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Le Havre

Le Havre, une troublante comédie dramatique réalisée en 2011 par le finlandais Aki Kaurismäki, raconte la vie de Marcel Marx, un cireur de chaussures qui va aider un jeune-homme venant d’Afrique noire, Idrissa à retrouver sa famille.

Avec le Havre, Aki Kaurismäki met en avant les exclus et les marginaux. L’intrigue du film tourne d’ailleurs principalement sur deux personnages, Marcel Marx, un marginal et le jeune Idrissa, un exclu, réfugié d’Afrique noire, qui va être aidé par Marcel Marx.
Kaurismäki superpose deux instances temporelles, une instance moderne, dont les éléments qui la représentent sont des choses comme les armes, la police, ou encore la jungle de Calais ; et un monde figé, caractérisé par le quartier de Marcel Marx, le bar « La Moderne », qui est une antithèse de son nom, et encore bien d’autres éléments du passé comme certaines boutiques et certaines voitures.

André Wilms, qui occupe le rôle du cireur de chaussures, joue d’une manière assez théâtrale, de manière très récitée. Ses paroles donnent souvent une impression de décalage entre l’intonation avec laquelle il dit les choses et les choses comme elles sont réellement.

Ces décalages temporels nous permettent de différencier des éléments dans le film. En effet les éléments du monde moderne se rapportent plus à la menace alors que les éléments du monde figé sont plus agréables à regarder pour le spectateur, et à vivre pour les personnages. Par exemple Kaurismäki a intégré un inspecteur de police, Monet, qui sort tout droit d’un vieux feuilleton télévisé. Cet inspecteur Monet, joué par Jean-Pierre Darroussin va pister le couple tout au long de l’histoire. On va finalement comprendre pourquoi il appartient au monde figé, car cet inspecteur est en fait victime de son métier et nous donne l’impression que la situation des deux amis le fait culpabiliser et qu’il comprend qu’un tel acte d’humanité ne peut pas être puni ou empêché même s’il est interdit par la loi.
De plus, ces décalages rendent le film beaucoup moins réaliste qu’il pourrait l’être s’ils n’avaient pas eu lieu. D’ailleurs Kaurismäki rend le film intéressant en dérangeant le spectateur par ces décalages.

La femme de Marx, Arletty, qui tombe malade peu avant la venu du jeune Idrissa, est une migrante venue de Finlande, qui dirigeait le foyer et s’occupaient de Marcel, plus tard dans le film, Idrissa et Arletty vont être amenés à se rencontrer et va naître une grande complicité entre eux deux. En effet, ces deux personnages qui ont exactement le même profil, et qui s’occupaient tous deux de Marcel Marx nous font penser que si Marx mobilise autant de son énergie et de ces économies pour Idrissa, c’est en fait pour payer la dette qu’il a envers sa femme, il se sentait obligé de le faire, comme quelqu’un l’avait fait pour lui.

Le Havre, malgré son rythme très lent est une œuvre très intéressante à regarder, grâce à ses décalages temporels qui rendent tout le scénario original, et par la morale qu’elle nous transmet.