Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Le Havre

Aki Kaurismäki - France - 2011

Critique publiée par coraline01 - le 22/05/2016
Seconde 502 / Le Verrier, Concours Saint-Lô,
Verrier/Curie/Follain

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L’immigration, un sujet qui fâche

Le Havre est une comédie dramatique sortie en 2011. Le réalisateur Aki Kaurismaki est également l’auteur d’autres œuvres comme « L’homme sans passé » ou « Les lumières des faubourgs ». Il trouve son inspiration dans son début de vie, où il doit vivre de petits boulots qui lui font découvrir une dure réalité. Il prendra alors conscience que la vie est dirigée en fonction des classes. Son style cinématographique est pourtant simple, c’est pour cela qu’il cherche à faire passer un message humaniste en se servant de l’actualité comme le problème des migrants ou de la jungle de Calais. Dans ces trois films, le réalisateur met en scène un personnage principal pauvre.
Marcel Marx ( André Wilms ) , est un vieux cireur de chaussures au Havre, il mène une vie très modeste avec Arletty ( Katie Outinen ) sa femme. Il passe la plupart de ses journées à arpenter les rues de la ville en quête de chaussures en cuir, le soir, il passe un peu de temps au bistrot « La Moderne » avec ses amis, jusqu’au jour où dans un conteneur des migrants sont retrouvés. Seul un petit garçon, nommé Idrissa (Blondin Miguel ) s’échappe des forces de police. Se lance alors le commissaire Monet ( Jean-Pierre Darroussin ) à sa poursuite, Marcel va donc tout faire pour aider le jeune Idrissa.
Aki Kaurismaki est facilement reconnaissable en tant que réalisateur. Le jeu des acteurs est théâtral et minimal, les acteurs s’adressent directement au spectateur comme au théâtre et il ne transmettent pas beaucoup d’émotion. Dans le Havre, il utilise deux époques et deux styles différents. Tout d’abord, il y a le côté ancien qui est représenté par la maison du couple des années 60, ainsi que les vêtements et leur quartier qui nous donnent l’impression qu’ils sont tout droits sortis d’un vieux film. Mais il y a une opposition avec le monde moderne prononcé subtilement avec le bar qui s’appelle « La Moderne », les téléphones portables et les basquettes. Pour Marcel , l’ancien est réconfortant ( l’amour de sa femme) et le nouveau représente un danger ( l’arrivée d’Idrissa / l’immigration / et la police ). Idrissa est un jeune immigré noir qui se réfugie chez Marx. Cependant, Arletty, quelques années auparavant, avait accueilli Marcel, un marginal, et maintenant, c’est lui qui accueille et aide un jeune garçon à retrouver sa maman : en quelque sorte, il paye sa dette.
La musique est peu présente mais importante : elle est souvent en arrière-plan dans les scènes dramatiques et émouvantes, il y aussi des touches africaines. Il s’ouvre et se clôt sur la même musique « Matelot » de Renegades : encore une référence aux années 60. Mais il n’y a qu’une seule chanson « Libero » qui passe en entier, du groupe « Little Bob » qui est originaire du Havre. Elle a dû être choisie, car elle parle d’immigration.
L’acteur de Marcel Marx a déjà travaillé avec Aki Kaurismaki en 1992 dans « La Vie de Bohème ». Ce réalisateur implante dans son film une actualité puis un fait qui pose « problème » en France : L’immigration et la jungle de Calais. Ce sont des sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur, car ce sont aujourd’hui des exclus de la société, ce qu’il a été lui-même dans sa jeunesse. Il est tourné pour faire en sorte qu’il touche le cœur des gens en leur montrant que tout le monde même les plus démunis, peuvent être altruistes et courageux afin de protéger et aider.
En somme, c’est une mise en scène subtile, émouvante, proche de notre réalité qui nous fait prendre conscience que l’humanité est importante.