Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie

L’Atelier critique propose aux élèves de Normandie de publier des travaux critiques dans le cadre de l’opération Lycéens et apprentis au cinéma en Normandie. Articles, débats audio, critiques vidéo et créations graphiques sont mis en ligne par les enseignants inscrits afin de permettre aux élèves de partager leur expérience de spectateur et de mettre en débat leurs réflexions sur les films.

Combattants (Les)

de Thomas Cailley - France - 2013

Critique publiée par webmestre - le 14/12/2016
Première ES, LPO Albert Sorel,
Honfleur

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Une fin désirée (texte d’invention)

Je suis encore perturbé par ce qui s’est passé la veille. Le fait d’arriver dans cette forêt comme ça avec Madeleine est presque … irréel, et pourtant je suis bien là à la regarder dormir près de moi ce soir en espérant que le lendemain on passera le pas dans notre relation. Je pense un instant à ma mère et à mon frère que j’ai abandonnés. Arriverais-je à oublier mon passé, mon enfance, ma famille ? Je réfléchis trop, il faut que je dorme … Mais quel est ce bruit au-dessus de ma tête ? Je me redresse pour voir, mais lorsque je lève la tête quelque chose me tombe dans les mains … c’est un petit écureuil qui a l’air perdu. Je le garde un moment entre mes mains dans mon tee-shirt afin de le réchauffer, il fait si froid dehors. Les minutes deviennent des heures, je finis par m’endormir au pied d’un arbre, ma couverture sur mon corps couvrant ce petit être que je caresse. Le lendemain matin, je tarde à ouvrir mes yeux … les oiseaux chantent à pleine gorge, les bruitages de la forêt m’envahissent, le vent souffle dans les arbres et me caresse le visage, quelques fois une feuille ou deux viennent se loger dans mon cou me chatouillant. J’ouvre doucement les yeux, le soleil m’éblouit quelques instants … je me relève encore étourdi par la nuit que je viens de passer, l’écureuil n’est plus là. Je me mets à sa recherche aux alentours, je m’approche alors de la rivière à proximité du campement. Je rentre dans l’eau pour vérifier au fond s’il ne s’est pas noyé, mais aucune trace du petit rongeur. J’abandonne finalement ma recherche qui ne voit pas de fin en me disant qu’il a dû retrouver sa maman dans un des arbres. Je m’arrête un instant dans cette eau cristalline, je n’ai jamais vu d’eau aussi pure auparavant. J’enlève mon haut, je déboutonne mon pantalon et je retire mes bottes pour les mettre à sécher sur une branche d’arbre … je me trouve alors nu dans cette eau fraîche, je plonge, j’essaye de prendre du bon temps. Lorsque je remonte à la surface, je me rends compte que Madeleine est là, au bord de la rivière à me regarder en me montrant l’écureuil niché au creux de sa main.
« -Je l’ai trouvé sur tes genoux à mon réveil, tu dormais encore. Je voulais te demander si tu y étais attaché avant de faire une bêtise en le tuant pour le déjeuner.
- Tu as bien fait, il est tombé d’une branche dans mes mains, je l’ai réchauffé le pauvre avait froid et avait l’air perdu. Je m’y suis attaché, pour une raison inconnue il me rappelle un peu moi avant que je te rencontre. »
A ces mots, Madeleine sourit … c’est la première fois que je la vois ainsi, son sourire est magnifique. Elle reprend l’écureuil de mes mains, m’explique qu’elle en prendra soin et qu’elle va seulement le poser dans la tente pour ne pas qu’il s’échappe. Je reprends ma respiration, maintenant totalement serein et je repars pour deux minutes d’apnée dans les courants légers de la rivière. Peu de temps après, je vois Madeleine entrer nue dans l’eau près de moi.
« Tu n’allais quand même pas te laver sans moi, si ? »
Suite à cela, Madeleine se rapproche de moi, colle ses lèvres contre les miennes, pose ses mains derrière ma nuque et m’embrasse. Il a fallu du temps pour qu’elle se lance mais enfin je la sens femme, je ne compte pas les minutes. L’acte est presque sauvage, dans le désir de l’autre entre l’eau et le sable … il me rappelle un peu notre première rencontre sur la plage. A mon réveil, Madeleine me sourit … ce qui me rassure dans un premier temps sur mes performances lors de ce premier rapport. Puis se lève et me dit qu’elle veut aller chercher du bois sec dans la forêt pour cette nuit, je n’insiste pas pour l’accompagner puisque ma vue se trouble de même que mes yeux me font mal. Je décide alors de me nettoyer dans la rivière pensant que l’eau fraîche me ferait du bien … quelques minutes plus tard je la vois courir vers moi me hurlant de faire demi-tour. J’obéis tout de suite en voyant sa réaction pensant que c’est un incendie qui s’est déclenché plus loin dans la forêt, nous sommes deux à moitié nu essayant d’éviter les troncs d’arbres et autres branchages dans notre foulée à-travers la forêt. Enfin nous arrivons au bord d’une falaise, et visiblement ce que fuit Madeleine nous rattrape. Voyant sur son visage terrifié qu’on est perdu je lui pose la question suivante :
« -Mais que fuyons nous enfin ? »
Suite à cette question, plus aucun bruit ne se fait entendre … c’est comme si le temps s’est tout-à-coup arrêté. Mais pas Madeleine, qui continue à me regarder fixement, réactive à ma question … puis me répond alors d’une voix étouffée :
« -Je fuis ton amour. »
Une lumière blanche m’envahit ainsi qu’un sentiment de peur et d’incertitude. Lorsque j’ouvre les yeux, on est le matin … le vent me caresse le visage, le chant des oiseaux retentit dans les arbres, des feuilles me recouvrent le corps et l’écureuil est là sur mes genoux. C’est alors que je comprends que ma journée de la veille n’est qu’un rêve …

Senoussi Rayane